Si une part de l'oeuvre érotique de Tomi Ungerer est bien connue du grand public - on pense au Fornicon, à l'Erotoscope, à Totempole, ou encore aux dessins sur le vif des prostituées de Hambourg - celle-ci est souvent marquée par une volonté de dénoncer la mécanisation des corps ou les rapports de force sociaux. Ce Kamasutra des grenouilles est l'occasion de faire connaître en France un érotisme plus léger et rabelaisien, s'éloignant de l'érotisme noir et interprétant joyeusement les positions du Kamasutra indien.
Impertinent, ironique et drôle, ce bestiaire érotique sait amuser et émoustiller avec grivoiserie et gaité.
Après le Kamasutra des grenouilles et Roulez les mécaniques, la collection du Cabinet de l'amateur propose à nouveau une rencontre avec l'univers décalé et ironique de Tomi Ungerer. On s'initie à l'art du dessin-collage, on laisse libre cours à son imagination et on découvre des associations surprenantes, parfois absurdes, toujours poétiques.
Depuis son ouverture en 2007, le musée Tomi Ungerer présente au public une collection extrêmement étoffée d'oeuvres du dessinateur strasbourgeois - il conserve en effet 14 000 dessins du regretté Tomi Ungerer (1931-2019). Mais cette institution qui porte également le titre de Centre international de l'Illustration veille également, depuis sa création, à rassembler une collection plurielle et s'est enrichie au fil des années de nombreuses oeuvres d'autres illustrateurs et illustratrices.
En 2021, la part de la collection du musée consacrée à d'autres noms que celui de Tomi Ungerer fera l'objet d'une exposition pour faire le point sur les acquisitions des dernières années et mettre en valeur un fonds varié, regroupant des artistes français comme étrangers, des oeuvres datant du XIXe, XXe mais aussi du XXIe siècle. Les typologies de ces oeuvres sont multiples, à l'image des travaux de Tomi Ungerer qui s'essaya à des registres relativement disparates : on y retrouve le dessin satirique et le dessin de presse - particulièrement bien représenté - mais aussi l'affiche publicitaire ou encore le livre pour enfant. Par ailleurs, si les artistes français ou travaillant en France sont bien représentés, on trouve aussi dans la collection d'importantes influences newyorkaises, mais aussi l'espace germanique et l'Europe centrale.
Le catalogue accompagnant présentera une soixantaine d'artistes, parmi lesquels de grands noms de l'illustration tels que J.J Granville (1803-1847), Raymond Savignac (1907-2002), Saul Steinberg (1914-1999), Cabu (1938-2015) ou encore Sempé (né en 1932), mais aussi quelques « perles », comme une édition originale de l'album pour enfants Max et les Maximonstres. Enfin, les quelques « grands ensembles » conservés par le musée, souvent des raretés dans le paysage muséal français, seront mis à l'honneur. Parmi ces derniers, on peut citer les nombreux dessins de Jean Bosc, Maurice Henry ou encore André François.
Poète, journaliste et dessinateur de presse, Maurice Henry (1907-1984) est un de ces artistes qui déjoue les biographies et les tentatives de classification. Membre du Grand Jeu, proche des surréalistes, il publie dans Bizarre en même temps qu'il fait carrière comme gagman pour le cinéma.
Il fait paraître, entre juin 1956 et janvier 1960, près de 170 histoires dans le Figaro. Ces gags sans paroles composés en trois cases sont baptisés « Rêves et Culbutes ». Ils appartiennent au genre de la bande dessinée, qui partage dès ses origines un style et une thématique communs au dessin animé et au cinéma burlesque. L'intitulé indique le ressort principal de ces gags : il s'agit de faire appel à l'onirisme pour convoquer des situations farfelues dont la résolution, dite la chute, ressemble aux culbutes inattendues et drolatiques des clowns. Des hommes se castagnent, des voitures s'emboutissent, des couples s'assomment, des policiers courent après des voleurs. On croit savoir à quoi s'attendre, mais Maurice Henry nous réserve toujours une échappée vers le rêve ou l'absurde. Sous leur air débonnaire et naïf, entretenu par un graphisme dépouillé, ces images sont le pendant dessiné - en plus tendre - des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon : elliptiques mais éloquentes, à fois drôles et féroces, elles témoignent d'une époque, les années 1950, autant que d'une condition humaine intemporelle.
Le musée des Beaux-Arts de Strasbourg rend hommage au peintre alsacien Jean-Jacques Henner à travers une rétrospective ambitieuse, riche d'environ 90 tableaux et 40 oeuvres graphiques, réalisée en partenariat avec le musée national Jean-Jacques Henner (Paris).
D'origine alsacienne et très marqué par ses séjours en Italie, Jean-Jacques Henner (1829-1905) fait l'essentiel de sa carrière à Paris où il est notamment réputé en tant que portraitiste. Peintre inclassable, il fréquente pourtant nombre des artistes de son époque - tant les partisans d'un certain académisme que ceux en quête d'avant-garde - tels que Puvis de Chavanne, Manet ou encore Degas. Reconnu et apprécié de son vivant, il expose régulièrement au Salon dans les dernières décennies du XIXe siècle.
Après avoir été quelque peu délaissé par l'histoire de l'art, il a été récemment redécouvert par le grand public, notamment grâce à l'exposition « Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel », qui s'est tenue au musée Henner à Paris en 2019. En effet, Henner a peint de façon récurrente des nus féminins diaphanes arborant de longues chevelures rousses et s'il est aujourd'hui davantage connu pour ce motif de prédilection, il s'est aussi intéressé de près à la peinture religieuse, au paysage et surtout à l'art du portrait.
L'ouvrage qui accompagne cette rétrospective est la première monographie d'envergure consacrée à cet artiste. À destination d'un public large et abondamment illustrée, elle comporte une quinzaine d'essais rédigés par des spécialistes du peintre et de la période, permettant ainsi d'englober de nombreux aspects : remise en contexte et éléments biographiques, choix des sujets peints, liens avec les différents mouvements artistiques et la vie culturelle parisienne de l'époque, ainsi que des détails sur sa technique ou encore ses modèles. Ces articles sont complétés par des notices portant sur des oeuvres spécifiques, offrant ainsi plusieurs niveaux de lecture et donc plusieurs portes d'entrée dans le sujet. Le lectorat déjà familier de l'époque trouvera de quoi enrichir ses connaissances tandis que les novices disposeront de divers niveaux de textes en fonction de leurs intérêts pour découvrir l'oeuvre de Henner.
L'art de la satire est au moins aussi ancien que l'est l'histoire de la domination de quelques-uns sur un grand nombre et la nécessité d'en exprimer le caractère abusif. L'étymologie du mot « satire » remonte ainsi à un type de poésie apparu à Rome au temps d'Horace. D'abord strictement littéraire, elle devient avec les développements de l'image imprimée un genre à part entière, pour développer petit à petit des procédés et une iconographie propres.
L'objet de ce catalogue est d'offrir une histoire succincte de ce médium, aussi libre dans sa forme qu'il peut être subversif dans son contenu, jusqu'à menacer d'ébranler une organisation sociale tout entière. De Jacques Callot à Willem, en passant par Jean-Jacques Grandville, James Ensor ou George Grosz, il propose un parcours des différents procédés auxquels les satiristes ont recours, pour mieux exprimer leur colère ou se soustraire à la censure : allégorie, animalisation, déformations corporelles, métamorphoses... Puisant dans des registres souvent vulgaires, violents ou scatologiques, les satiristes, artistes célèbres ou anonymes, peuvent paradoxalement être classés parmi les plus braves et vertueux de nos concitoyens...
Italien d'origine, naturalisé anglais, Felice Beato (Venise, 1832 - Florence, 1909) est l'un des premiers photographes occidentaux à avoir travaillé au Japon et est considéré comme l'un des pionniers du photoreportage. Il a grandi à Corfou, à l'époque protectorat de l'Empire anglais, et commence très probablement à travailler en tant que photographe à Malte en 1850.
Après avoir immortalisé les routes de Constantinople, Athènes, Malte, du Caire et de la Palestine, il documente, en tant que photographe plus ou moins officiel de l'armée du Royaume-Uni, la guerre de Crimée (1855), la révolte de Cipayes en Inde (1857), la guerre de l'Opium en Chine (1860) et plus tard la guerre du Soudan (1885). La période japonaise, ici proposée, représente une pause presque contemplative dans son activité de photoreporter " engagé ".
Entre 1863 et 1877, Felice Beato installe son atelier à Yokohama et réalise, avec des collaborateurs occidentaux et japonais, une importante série de portraits ethnographiques. Il en résulte deux albums, de 50 clichés chacun, reliés sous une épaisse couverture en laque noire ; l'un est consacré aux femmes, l'autre aux hommes. Il photographie, selon des minutieuses mises en scène, les activités quotidiennes, comme la préparation des repas, la toilette, l'heure du thé, les moments de jeu, le repos.
D'autres portraits décrivent l'art de la guerre, le rituel des tatouages, le sport du sumo. La plupart des photos, sur papier albuminé, est mise en couleur avec une palette de tons pastel et naturels, de laquelle se détachent des détails de couleur rouge vif. Les deux recueils sont non seulement des témoignages précieux sur les moeurs et coutumes de la classe aisée japonaise de l'époque, ils rappellent aussi que le travail de photographie documentaire relève d'emblée d'une approche artistique.
On découvre par ailleurs un véritable " art des genres ", qui peint avec délicatesse les codes esthétiques d'une tradition millénaire.
L'exposition qui se tiendra au Musée alsacien de Strasbourg ainsi que le catalogue qui l'accompagne explorent le contexte historique de l'apparition des fantasmagories.
Le phénomène des fantasmagories se trouve à la jonction de la physique, de l'engouement de la société pour l'occulte et d'un contexte politique mouvementé. Les schémas de fonctionnement du fantascope sont présents dans les manuels de physique optique, à la pointe de la technologie de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe mais également dans les brochures à destination des apprentis magiciens.
Robertson, figure centrale de l'exposition est l'un des fantasmagores les plus célèbres. Il occupe une place de choix dans le propos grâce à ses mémoires publiés en deux volumes et son procès lors duquel, accusé de plagiat, il est obligé de dévoiler ses tours.
D'une fabrication soignée, ce catalogue grand public fait la part belle aux illustrations et met en valeur le fonds de plaques de verre originales conservées au Musée alsacien et dans d'autres collections, publiques et privées, notamment celle de la Cinémathèque française.
En juillet 1518, des dizaines de personnes se mirent à danser dans les rues de Strasbourg. Cette épidémie de danse, qui s'étendit sur plusieurs semaines, ébranla la communauté strasbourgeoise et frappa les esprits au point d'être consignée par de nombreux prédicateurs ou chroniqueurs de l'histoire municipale.
L'ouvrage se propose de revenir sur ce phénomène 500 ans plus tard et d'observer la manière dont l'administration de la ville, le clergé ou le corps médical tenta d'y remédier. Reprenant le déroulement des événements, il s'efforce d'éclairer le contexte de cet épisode historique particulier et de le mettre en relation avec d'autres cas de « manies dansantes » qui ont marqué le Moyen Age.
Il s'attache à distinguer les faits, tels qu'ils nous sont livrés par les sources originales, des interprétations abusives contribuant à donner du Moyen Age la vision erronée d'un monde simpliste, traversé par des pulsions irrationnelles et secoué par les crises. Croisant le regard de divers spécialistes, il constitue à la fois une référence sur l'événement, mais aussi l'occasion d'un travail critique sur la méthode de l'historien. En rapprochant l'épidémie de 1518 d'autres phénomènes similaires, en faisant le point sur les interprétations ou réappropriations contemporaines, dont celle de Jean Teulé, il éclaire la fascination qu'exerce sur nous ces moments de « désordre social ».
Catalogue de l'exposition à la galerie Heitz du Palais Rohan de Strasbourg (21 mai-29 août 2016). Du traditionnel Memento Mori à la tension mythique entre Eros et Thanatos, en passant par la dénonciation des guerres, rien ne manque à cette exploration des maintes déclinaisons du thème des danses macabres. Le domaine des arts graphiques y a été particulièrement réceptif, notamment dans la région rhénane, entre France, Suisse et Allemagne, et a produit un ensemble de réalisations, gravures, dessins, illustrations d'ouvrages, riche et étonnant par la variété des styles et des interprétations.
Quatre articles développés accompagnent le lecteur à la découverte de ce panorama. Une série de notices thématiques présente des ensembles d'oeuvres organisés selon des cadres interprétatifs (" La mort dans les illustrations des fables ", " La jeune fille et la mort ", " La mort grotesque : parodies et détournements ", " L'inspiratrice funeste ", " Debout les morts ! ", " Le péril fasciste ", etc.).
La production artistique contemporaine n'est pas oubliée. Deux volets se consacrent au recueil Rigor Mortis de Tomi Ungerer et aux oeuvres d'une génération influencée par les calaveras du Mexicain José Guadalupe Posada : Marcel Ruijters, Pierre Ferrero, Tanxxx, Winshluss, Julien Mortimer, Max (Francesco Capdevilla), Daniel Depoutot, Damien Deroubaix.
Le musée Tomi Ungerer. Centre international de l'illustration conserve dans son fonds près de 400 dessins réalisés par l'artiste entre 1935 et 1953, soit entre ses 4 ans et ses 22 ans, pour la plupart soigneusement conservés et datés par sa mère. Seule une petite partie de ces dessins de jeunesse sont connus du grand public, par le biais de l'ouvrage À la guerre comme à la guerre, dans lequel Tomi Ungerer mêle souvenirs écrits de l'occupation allemande et dessins réalisés pendant cette période.
L'ensemble du fonds révèle bien sûr un enfant extraordinairement doué, témoignant déjà d'un sens aigu de la composition et du format, du mouvement et de la narration par l'image, mais aussi un petit garçon ordinaire qui aime les cow-boys et les engins mécaniques, marqué par les influences graphiques de son temps (Dubout, Walt Disney...). On y lira également, en plus des menus faits de la chronique familiale, les germes des sensibilités et thématiques de l'artiste adulte, notamment un intérêt marqué pour le rapport colons / colonisés. La présentation de ce fonds inédit viendra enrichir la connaissance de l'oeuvre de Tomi Ungerer et éclairer un thème encore peu traité : l'intérêt des artistes eux-mêmes pour une création libre, spontanée et non académique, sorte « d'état de nature » artistique.
Le catalogue de la collection sera introduit par un texte général sur le rapport que les artistes entretiennent avec leur production de jeunesse. Il étudiera ensuite les rapports entre cette production juvénile et l'oeuvre de l'artiste accompli. Un entretien avec l'artiste commentera plus spécifiquement certains des dessins et apportera un regard personnel et rétrospectif sur cet ensemble inédit.
Les Musées de Strasbourg ont reçu en 2019 une donation exceptionnelle. Pendant trente ans, les deux donatrices Jeannine Poitrey et Marie-Claire Ballabio ont travaillé à la constitution de cette collection, qui vient enrichir trois institutions strasbourgeoises : le musée des Beaux-Arts pour les peintures, le Cabinet des estampes et des dessins et le musée d'Art moderne et contemporain pour les oeuvres graphiques. Cette prestigieuse donation se compose de dix-sept tableaux et de quarante oeuvres sur papier datés du XVe au XIXe siècle, les écoles représentées étant pour l'essentiel l'Italie, la France, la Hollande et les Flandres. Nombre de ces chefs-d'oeuvre revêtent une importance internationale et constituent de véritables raretés dans les collections nationales françaises. Parmi les artistes représentés, on retrouve, entre autres, Jan Brueghel l'Ancien, Luca Signorelli, Rembrandt, Albrecht Dürer, Jean-Honoré Fragonard ou encore Gustave Doré. Les Éditions des Musées de Strasbourg publient un catalogue exhaustif des cinquante-sept oeuvres de cette donation, permettant de les remettre une par une en contexte et de prendre la mesure du prestige de cet ensemble.
Le musée de l'oeuvre Notre-Dame conserve un ensemble patrimonial unique en France : une trentaine de dessins d'architecture gothiques, pour la plupart liés à la cathédrale de Strasbourg, datant du XIIIe siècle au XVIe siècle. Cet ensemble, conservé depuis le Moyen Age par la Fondation de l'oeuvre Notre-Dame est l'un des plus importants de ce type en Europe. Certains d'entre eux comptent également parmi les plus anciens connus.
Le dessin d'architecte à échelle réduite apparaît véritablement à l'âge gothique, où il devient indispensable à la conception d'édifices de plus en plus complexes, et sert à la conduite du chantier de construction. Certains de ces parchemins, de format parfois monumental, sont aussi des outils de représentation destinés à séduire et convaincre les commanditaires.
L'album des dessins dévoile les détails de ces documents d'une qualité d'exécution souvent exceptionnelle, qui retracent la longue histoire de la construction de la cathédrale et témoignent aussi mieux qu'aucun autre de l'idéal du projet.
Inauguré en 1998, le musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) vint compléter le réseau des musées de la ville, offrant un développement contemporain au paysage muséal strasbourgeois. La collection (environ 18 000 oeuvres), régulièrement enrichie par des acquisitions, couvre une période allant de 1870 à nos jours et investit un champ géographique clairement tourné vers l'Europe. Le fonds moderne part des artistes impressionnistes pour aller jusqu'aux pionniers de l'abstraction, sans oublier ceux des arts décoratifs. La collection contemporaine, quant à elle, met en lumière l'art des années 1960 (Fluxus, Arte Povera, Supports-Surfaces, etc.) et présente un ensemble de peintures allemandes unique en France.
Le lecteur trouvera dans ce guide souvenir le best-off commenté des pièces majeures de la collection, mais aussi des entrées thématiques sur diverses notions d'histoire de l'art, ainsi que des citations d'artistes et anecdotes sur l'acte de création et l'histoire des oeuvres.
Le Palais épiscopal de Strasbourg, une des plus belles réalisations architecturales du XVIIIe siècle français, tant par l'élévation noble et classique de ses façades que par ses somptueux décors intérieurs, est l'aboutissement de la rencontre de deux personnalités exceptionnelles : le cardinal Armand-Gaston de Rohan-Soubise, prince-évêque de Strasbourg et brillant homme de cour d'une part, en tant que commanditaire : Robert de Cotte, Premier architecte du roi, d'autre part, en tant que maître d'oeuvre. Au sommet de la gloire lorsqu'il donne les plans du palais strasbourgeois, Robert de Cotte répond aux voeux du prince en créant une oeuvre magistrale unissant la dimension ecclésiastique, politique et mondaine de la fonction de prince-évêque, dans le sens où l'entendait le XVIIIe siècle, en un même édifice à la gloire de la Maison de Rohan. Au lendemain de la Révolution, le Palais devient résidence impériale et royale pour entrer, après 1870, dans une ère nouvelle, celle des musées.
Outre la visite des appartements (salles de réception, bibliothèque et chambres privées), le public peut y découvrir aujourd'hui de splendides collections d'art décoratif témoignant de l'âge d'or de l'artisanat strasbourgeois (de 1681 au milieu du XIXe siècle) : céramique Hannong de renommée internationale, mobilier, horlogerie, ferronnerie et orfèvrerie.
Le lecteur trouvera dans ce guide un souvenir de sa visite des appartements, un best-off commenté des collections d'arts décoratifs, ainsi qu'un certain nombre d'entrées thématiques qui lui permettront de mieux se représenter la vie dans le Palais au XVIIIe et XIXe siècles.
Les riches collections médiévales et Renaissance du musée de l'oeuvre Notre-Dame témoignent du passé prestigieux de la ville, qui fut du XIIIe au XVIe siècle l'un des plus importants centres artistiques de l'Empire germanique. Les chefs-d'oeuvre de la statuaire provenant de la cathédrale de Strasbourg y côtoient les plus beaux témoignages de l'art haut rhénan des XVe et XVIe siècles.
Le parcours, synthèse de tous les arts, s'accomplit en harmonie avec le cadre architectural du musée. Derrière les vénérables pignons de la maison de l'oeuvre Notre-Dame, affectée depuis le XIIIe siècle à l'administration du chantier de la cathédrale, les décors intérieurs, la fraîcheur des cours et le charmant jardinet gothique participent au sentiment d'intimité avec le passé strasbourgeois.
Le visiteur part à la découverte du musée en découvrant les sculptures de l'artiste virtuose Nicolas Gerhaert de Leyde, les peintures de Conrad Witz, Hans Baldung Grien ou encore du maître de la nature morte Sébastien Stoskopff, les vitraux de Peter Hemmel d'Andlau... Le musée de l'oeuvre Notre-Dame offre un remarquable témoignage de l'art alsacien, de l'époque romane à 1681.
Le lecteur trouvera dans ce guide souvenir le best-off commenté des pièces majeures de la collection, mais aussi des parcours thématiques permettant de mieux comprendre l'iconographie médiévale et Renaissance, ainsi que des anecdotes sur l'attribution et la restauration des oeuvres.
À l'occasion du 250e anniversaire de l'arrivée de Goethe à Strasbourg, une exposition se propose de retracer le séjour strasbourgeois du jeune auteur, qui découvre alors une ville de culture, cosmopolite, frontière et passage entre la France et l'Allemagne.
Entre avril 1770 et août 1771, le jeune Johann Wolfgang von Goethe, âgé de seulement 21 ans, séjourne à Strasbourg. Le projet de rejoindre la ville se dessine dès 1769, comme l'attestent des échanges avec son père. L'objectif que lui fixe ce dernier est alors de terminer ses études de droit, mais également de découvrir la vie à la française et d'apprendre le français. Ce séjour est également l'occasion pour le jeune intellectuel de forger son tempérament et son goût artistique. S'il dresse parfois le portrait d'une Alsace idéale, notamment dans Dichtung und Wahrheit, il développe en parallèle une analyse plus critique. Le projet de l'exposition a pour ambition de suivre les pas du jeune Goethe, en se fondant notamment sur son autobiographie ainsi que sur les traces laissées durant son séjour strasbourgeois.
L'ouvrage qui accompagne l'exposition présentée au palais Rohan est l'occasion d'explorer les divers aspects du Strasbourg dans lequel le jeune Goethe évolue, que ce soit d'un point de vue artistique, architectural ou encore littéraire. Mais le livre s'attache également à mettre en lumière, outre les effets de la ville sur Goethe, les effets du séjour de l'illustre auteur sur la ville, des monuments aux publications constituant peu à peu une véritable mythologie.
Tout porte à penser que le séjour strasbourgeois du jeune Goethe constitue un épisode capital, non seulement pour la vie et l'oeuvre de l'auteur, mais aussi pour l'histoire des lettres allemandes.
Le catalogue propose un ensemble d'essais généreusement illustrés, avec les contributions de Raymond Heitz, Roland Recht, Florian Siffer, Christophe Didier, Viktoria von der Brüggen, Mathieu Schneider, Alexandre Kostka, Aude Therstappen et Bernadette Schnitzler.
Parade de fer blanc. La collection de jouets de Tomi Ungerer. Héritier une famille d'horlogers de longue tradition, Tomi Ungerer a exprimé son goût prononcé pour les mécanismes dans une formidable collection de jouets, aujourd'hui exposée au musée des Arts décoratifs de Strasbourg et au musée Tomi Ungerer. Offerte en don à la Ville de Strasbourg, cet ensemble compte près de 6 500 objets, dont la plupart des pièces datent d'entre 1820 et 1914.
Elle compte également de nombreuses pièces plus récentes, dont d'amusants jouets américains des années 1960. " J'ai collectionné les jouets pour leur originalité mécanique, visuelle, comique ou parce qu'ils reflètent l'histoire ou la société ", a dit Tomi Ungerer. Les dominations coloniales, les guerres, la conquête du Pôle Nord, les découvertes scientifiques, entre autres, ont non seulement bouleversé le cours de l'histoire mais ont influencé profondément la culture et l'imaginaire collectif, dont les jouets pour enfants sont aussi l'expression.
Ainsi, on retrouve sous les apparences de jouets en tôle, plomb, laiton, acier ou bois, les " merveilles " qui ont étonné le public des expositions universelles. Animaux de toutes sortes et de toute provenance, personnages de toutes les couleurs et aux métiers les plus disparates (dont le caractère raciste nous dérange aujourd'hui) ; carrioles, trains, bateaux, sous-marins, automobiles, avions... Si leur valeur historique est évidente, cette collection reflète aussi la curiosité et l'univers de Tomi Ungerer.
Les jouets trouvent un écho parfois inattendu dans l'oeuvre du dessinateur et nombreuses pièces sont devenues des motifs iconographiques à part entière. Il suffit de penser au célèbre album Jean de la Lune de Tomi Ungerer : comment ne pas reconnaître dans les dessins les répliques exactes d'un camion de pompiers, des voiturettes ou d'un camion de livraison et un char d'assaut présentés dans notre ouvrage ? " Si j'ai collectionné des jouets, c'était pour m'amuser " nous indique le dessinateur.
Nous voulons, avec ce numéro, non seulement offrir aux amateurs un aperçu d'une collection d'une rare qualité, mais aussi faire entendre le rire et la fantaisie de l'artiste.
En 1909, Nancy accueille l'importante Exposition internationale de l'Est de la France. Portée par la Ville et la Chambre de Commerce, cette manifestation doit mettre en évidence la vitalité économique et culturelle de ces territoires, aux portes de l'Empire allemand. La présence au sein du comité d'organisation de plusieurs Alsaciens, installés dans la cité lorraine à la suite de leur option pour la France, est à l'origine de la volonté d'accorder une place de choix aux territoires annexés par l'Allemagne en 1871, en premier lieu à l'Alsace. C'est ainsi que naît l'idée de présenter à Nancy, dans le cadre de l'exposition, un village alsacien.
Pour mettre en oeuvre ce projet, les organisateurs prennent l'attache du Musée alsacien, récemment ouvert au public. Une collaboration s'établit alors de part et d'autre de la frontière, avec pour but la présentation au sein de l'exposition d'un village alsacien reconstitué donnant à voir une image idéale et nostalgique de la « province perdue ». Cette opération, qui connaît un franc succès, est par ailleurs à l'origine, par émulation, du développement des collections ethnographiques lorraines.
L'exposition programmée en 2021 au Musée alsacien - en étroit partenariat avec le Musée lorrain de Nancy, actuellement en rénovation - entend revenir sur cet événement en en présentant les acteurs, les enjeux culturels et politiques, dans le contexte de durcissement des relations entre France et Allemagne, mais aussi en l'envisageant du point de vue de la construction des identités régionales. En effet, comme d'autres manifestations de ce type, si le village alsacien de 1909 contribua à perpétuer le souvenir des provinces perdues dans la conscience nationale française, elle participa également à la construction d'une image satisfaisante, mais réductrice, de la région dont nombre d'éléments sont encore bien vivaces aujourd'hui.
Le catalogue qui accompagne cette exposition propose un aperçu de cette Exposition, en mettant l'accent sur la place de l'Alsace et de ce fameux village alsacien reconstitué. Ce point de départ permet ensuite d'élargir le sujet, en évoquant les relations entre Lorraine et Alsace sur le plan politique et culturel, mais aussi - encore plus largement - la vaste question des identités régionales. Ces sujets seront explorés à travers onze essais, largement illustrés, avec notamment les très nombreuses cartes postales éditées à l'occasion de l'Exposition de 1909 et qui ont participé à l'élaboration de l'image idéalisée et relativement stéréotypée de l'Alsace.
De mains de maître. Éloge de la main en peinture Les mains disent des hommes peut-être autant que leurs yeux. Elles parlent en silence un langage éloquent. Il n'est guère étonnant que les peintres, parce que s'ils d'abord des artisans, dont la main est le premier outil, y aient toujours accordé une grande importance. Qu'il s'agisse de scènes religieuses, de portraits officiels ou de tableaux historiques, les représentations des mains sont toujours riches de connotations, voire de discours secrets.
En choisissant dans cet ouvrage de « détourer » et recomposer les mains d'une quarantaine de chefs-d'oeuvre du musée des Beaux-Arts de Strasbourg, cet ouvrage dévoile un vocabulaire gestuel très expressif. Mains douces, maternelles, délicates ou potelées, mains viriles, laborieuses ou combatives, mains sensuelles, cupides ou suppliantes, racontent autant de scènes intimes ou mythologiques.
Le cahier central permet au lecteur de jouer à identifier les tableaux dont les détails sont extraits et fait de cette proposition originale un ouvrage à la fois ludique et poétique.
Pendant un an, de février 2021 à février 2022, une grande exposition dédiée au chant révolutionnaire devenu hymne national se tiendra dans trois musées de France. D'abord à Marseille, où le chant a trouvé son titre définitif en devenant l'hymne des Marseillais, l'exposition sera inaugurée au musée d'Histoire de Marseille. Ensuite à Vizille, dans l'Isère, au musée de la Révolution française, cette période ayant vu naître et grandir l'hymne en question. Enfin, Strasbourg clôturera la marche avec un "retour aux origines", puisque c'est dans la capitale alsacienne que Rouget de l'Isle compose en 1792 cet hymne qu'il intitule tout d'abord Chant de guerre pour l'armée du Rhin. L'exposition y est organisée par le Musée historique de la Ville de Strasbourg.
Cette exposition itinérante et le catalogue l'accompagnant documenteront la personnalité de Rouget de l'Isle et le contexte de création de La Marseillaise, l'itinéraire révolutionnaire du chant et surtout sa postérité à travers le XIXe siècle, au cours duquel il accompagne différentes révolutions (en 1830, en 1848 ou encore pendant la Commune de Paris). Il devient après 1879 un symbole de la France républicaine, mais aussi de la nation lors des conflits mondiaux du XXe siècle. Symbole politique et patriotique, La Marseillaise imprègne pourtant les arts, reprise en musique dans des registres extrêmement divers, d'Hector Berlioz à Serge Gainsbourg en passant par l'introduction du titre des Beatles All You Need Is Love. Également source d'inspiration pour les peintres et les sculpteurs (tels Gustave Doré et François Rude), elle traverse également la littérature européenne (chez Victor Hugo, George Sand ou encore en figurant l'une des « Très Riches Heures de l'humanité » chez Stefan Zweig) et bien sûr l'histoire du cinéma avec une scène phare du chef-d'oeuvre Casablanca (1942).
En effet, à l'étranger, La Marseillaise est le symbole de la France par excellence. En Europe, elle a suscité en réaction d'autres chants révolutionnaires, mais est aussi devenue l'hymne des révolutions jusqu'à la création de l'Internationale. Aujourd'hui, elle continue à être interprétée, dans des circonstances graves telles que les attentats survenus en 2015 mais aussi dans un contexte sportif plus positif.
Adulée ou détestée, La Marseillaise ne laisse personne dans l'indifférence. Le catalogue de l'exposition propose, à travers des essais généreusement illustrés, une synthèse de l'histoire et de la trajectoire de ce chant, des interprétations multiples et des répercussions de l'hymne à l'international. Avec une préface de l'historien Pierre Nora.
La Boîte-en-valise, qui contient « l'oeuvre à peu près complète de Marcel Duchamp entre 1910 et 1937 » a été présentée pour la première fois à New York en 1942. Il en existe sept versions : boîte avec ou sans valise, gainées de cuir ou de toile et contenant 68, 69 ou 80 oeuvres reproduites, selon l'édition. Ces dernières ont été tour à tour collectées ou soigneusement reproduites entre 1935 et 1940. Complètement ouvertes et déployées, c'est le Grand Verre (La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, 1915-1923) qui domine la découverte progressive des autres oeuvres reproduites. La boîte donne ainsi des clefs de lecture, visuelles et conceptuelles, à la presque totalité de l'oeuvre de Marcel Duchamp, qui considérait ses travaux comme des gestes partiels formant un tout.
Synthèse de l'univers de l'artiste, la Boîte-en-valise est non seulement un exemple étonnant de cabinet de curiosités enfin exhaustivement déployé et documenté, mais aussi une pièce majeure des collections du musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg et un jalon incontournable de l'histoire de l'art.
Le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS) présente la première grande exposition consacrée à Tristan Tzara (1895-1963). Le nom de ce poète, également écrivain d'art et collectionneur, est connu et prononcé dès qu'il est question de Dada. Cependant, son oeuvre immense, et d'une influence majeure pour des générations, reste encore insuffisamment mise en lumière. Cette exposition en propose une lecture chronologique à travers un ensemble de 450 d'oeuvres d'artistes que Tzara a côtoyés, d'une sélection de pièces d'art extra-occidental (Afrique, Océanie, méso-Amérique) et d'art brut et d'une importante sélection documentaire sur Tristan Tzara. Tristan Tzara fut le grand témoin de son temps. Il fut également un acteur de son siècle qu'il marqua de ses éclats de voix, de rire et de plume. L'homme au monocle, décrit comme « un génie sans scrupules » par le poète Huelsenbeck, n'aura eu de cesse de développer un engagement ...
Le Musée Archéologique, né au XVIIIe siècle, est le plus ancien des musées strasbourgeois. Durant trois siècles d'une existence parfois mouvementée, il a réuni de très importantes collections. Installées depuis la fin du XIXe siècle dans les sous-sols du palais Rohan, leur variété et leur large champ chronologique en font l'un des plus importants musées d'archéologie en France.
Le visiteur y découvre l'histoire de Strasbourg et de l'Alsace, des débuts les plus lointains de la Préhistoire jusqu'aux premiers siècles du Moyen Âge. Les collections continuent de s'enrichir régulièrement du produit des fouilles archéologiques menées dans toute la région. Des expositions temporaires proposent chaque année de retrouver l'actualité de la recherche et les découvertes les plus marquantes. Le Musée archéologique assure ainsi pleinement son rôle de vitrine de la recherche archéologique nationale et régionale.
Le lecteur trouvera dans ce guide souvenir le best-off commenté des pièces majeures de la collection, mais aussi des parcours thématiques permettant de mieux se représenter la vie de nos ancêtres, ainsi que des anecdotes sur la découverte et la restauration des oeuvres.